Positionnement
du collectif « Arrêt du nucléaire »
sur les déchets radioactifs
le 14 octobre 2020
Le collectif Arrêt du nucléaire (ADN) soutient toutes les luttes remettant en cause l'industrie atomique. Il rassemble des groupes qui, conformément à la charte qu'ils ont approuvée, agissent pour l'arrêt (immédiat ou dans les plus brefs délais) du nucléaire civil et l'abolition des armes nucléaires afin, entre autres :
– d'éviter de nouvelles catastrophes nucléaires,
– d'arrêter la pollution autour des installations,
– de stopper la production de déchets radioactifs.
Contrairement aux promesses initiales, le problème des déchets radioactifs – à vie longue en particulier – n’est pas résolu depuis trois quarts de siècle.
Les « solutions » de stockage un temps annoncées comme durablement fiables (mines de sel en Allemagne, WIPP ou entreposage à sec en conteneurs bétonnés aux USA...) n'ont pas tardé à montrer leurs inquiétantes limites.
Le stockage à sec en subsurface, ou en surface sur site, dont la prétendue réversibilité pourrait séduire, se heurte sur le terrain à de très nombreuses impossibilités : insuffisance des sites présentant les qualités géologiques requises, inacceptation sociale, risques d'effondrement, d'inondations, de fuites, et au final de diffusion de la radioactivité dans l'environnement et en particulier dans l'eau. Les sites des centrales nucléaires sont complètement inadaptés.
Dans un avenir prévisible, d'hypothétiques progrès scientifiques ne sauraient modifier qu'à la marge cet état de fait. Aucune transmutation n'est sérieusement envisageable à grande échelle en raison de limites économiques et énergétiques, et la surgénération n'est qu'une fuite en avant insensée dont la France n'a même plus les moyens financiers.
Quelles que soient les stratégies provisoires mises en œuvre, il est temps de prendre lucidement acte du fait qu’aucune baguette magique ne fera disparaître ces déchets : notre génération et les suivantes auront à surveiller cette épée de Damoclès durant des millions d'années.
La filière nucléaire étant à terme condamnée, tant au plan économique que climatique, la raison veut qu'on y mette fin au plus vite, sans attendre d'autres catastrophes. Du reste, le vrai bilan des quantités et divers types de déchets à surveiller ne peut se faire qu'après arrêt.
En matière de déchets radioactifs, toute option est source de risques et de dangers, de maladies, mutations génétiques et morts prématurées. Le débat ne relève donc pas d'une simple optimisation de décisions techniques par des ingénieurs, des scientifiques, des économistes ou autres « experts », mais bien de choix collectifs essentiels éminemment politiques – enfin démocratiques – quant à la répartition, équitable et consentie, et au suivi de ces dangers.
Surtout : aucun débat sérieux et sincère sur le devenir des déchets légués par l'industrie atomique n'est envisageable sans accord préalable sur la nécessité de cesser d'en produire à bref délai.
Bien ou mal, les déchets existants sont pour l'heure entreposés : de nouvelles capacités de stockage ne serviraient qu'à permettre d'en produire d'autres massivement. Au-delà d'un renforcement de la protection des incontournables « piscines », il n'y a aucune urgence à trancher sur d'éventuelles « moins mauvaises options » futures, ni à s’engouffrer sur de fausses pistes définitives pour les déchets et résidus déjà présents.
Un débat portant sur la gestion globale des déchets radioactifs est nécessaire, en incluant les mines d’uranium abandonnées, ainsi qu'un sérieux bilan historique de l'atome militaire.
Il faut noter à ce propos que l’uranium 238 et le plutonium, soit 95 % du « combustible » irradié, sont classés, en France, « matières valorisables », alors que les États qui ne pratiquent pas le retraitement comptabilisent la totalité des assemblages de combustible usé dans les déchets.
Le collectif ADN estime qu'il faut :
de morceler les dossiers pour obtenir les autorisations par petits bouts,
de dépolitiser ces questions, en les présentant comme purement techniques ou scientifiques,
de diviser les opposants et de soumettre l'opinion publique à une intense propagande,
de repousser toujours aux calendes grecques la question de l'arrêt,
il nous faut conserver une vision globale du problème, et rechercher des synergies sans pour autant affadir nos discours.
La réflexion sur le devenir du legs atomique suppose une solidarité entre toutes les associations et militants impliqués dans des dossiers liés à cette forme de pollution radioactive et chimique, de l'extraction du minerai au démantèlement des installations en passant par les transports de déchets.
Notre rôle, en tout état de cause, est de nous opposer à tout projet, proposition, nouvelle autorisation ou prolongation d'autorisation qui ne serait pas rigoureusement subordonné à l'arrêt rapide et définitif de la filière nucléaire de production d’électricité, ainsi qu'au renoncement à l’armement nucléaire, en passe d’être interdit par l’ONU.
le Collectif Arrêt du nucléaire (ADN)
le 14 octobre 2020
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Lien direct : http://collectif-adn.fr/2020/dechets-positionADN.html
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